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Grace Hopper : Pionnière de l’informatique moderne
Posté le 21 octobre 2024 par Arthur Baron
Grace Murray Hopper, une informaticienne américaine visionnaire, a marqué l’histoire de l’informatique de manière indélébile. Née le 9 décembre 1906 à New York, Grace Hopper est souvent saluée comme l’une des figures de proue de l’informatique moderne.
Son travail avant-gardiste n’a pas seulement transformé la programmation informatique, mais a également pavé la voie à d’importantes avancées dans les langages de programmation et l’intelligence artificielle. Cette femme remarquable, alliant une carrière militaire distinguée à d’importantes contributions scientifiques, continue d’être une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures dans le domaine de l’informatique.
La jeunesse et la formation de Grace Hopper
Les premiers pas vers la science
Grace Brewster Murray, qui deviendra célèbre sous le nom de Grace Hopper, vit le jour le 9 décembre 1906 à New York City. Depuis son plus jeune âge, elle fit preuve d’une curiosité insatiable et d’un vif intérêt pour la mécanique et les sciences. Un fait marquant de son enfance démontre bien cette curiosité : à seulement sept ans, elle démonta sept réveils afin d’en explorer le fonctionnement, annonçant déjà sa future carrière en ingénierie et en informatique.
Ses parents, Walter Fletcher Murray et Mary Campbell Van Horne, furent de fervents soutiens de son intérêt pour les sciences et l’éducation. Son père, un courtier en assurances, et sa mère, passionnée de mathématiques, s’assurèrent que Grace et ses sœurs bénéficient d’une éducation de qualité, équivalente à celle de leur frère, jetant les bases solides de ses futures compétences.
Une éducation orientée vers les mathématiques
Grace Hopper effectua ses études secondaires à la Hartridge School de Plainfield, New Jersey.
Malgré un refus initial d’admission anticipée à Vassar College pour des notes insuffisantes en latin, elle y fut admise l’année suivante. Elle y décrocha un diplôme de bachelor en mathématiques et physique en 1928, couronnée par les honneurs de la société Phi Beta Kappa.
Elle poursuivit ses études à l’Université Yale, où elle obtint une maîtrise en mathématiques en 1930. La même année, elle épousa Vincent Foster Hopper, un professeur de littérature anglaise à l’Université de New York. En 1934, elle acheva un doctorat en mathématiques à Yale, sous la tutelle de Øystein Ore, avec une thèse intitulée « New Types of Irreducibility Criteria ».
Dès le début des années 1930, Grace Hopper commença à enseigner les mathématiques à Vassar College, où elle fut promue professeure associée en 1941. Cette période marqua le début d’une carrière académique et scientifique distinguée, qui allait bientôt être interrompue par son engagement dans l’effort de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale.
Une carrière militaire de premier plan
Engagement dans la Marine américaine
L’engagement de Grace Hopper dans la Marine américaine a marqué un tournant décisif dans sa carrière. Malgré les obstacles, notamment un poids inférieur au minimum requis, elle a intégré la Réserve navale des États-Unis (WAVES) en décembre 1943, grâce à une exemption. Sa formation à l’école des midshipmen de la Réserve navale au Smith College, à Northampton, Massachusetts, s’est soldée par un brillant succès, puisqu’elle s’est classée première de sa promotion en 1944. Elle fut promue lieutenant junior grade et affectée au Bureau of Ships Computation Project à l’Université Harvard, travaillant sous la houlette de Howard H. Aiken.
Rôles et contributions pendant la Seconde Guerre mondiale
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Grace Hopper a joué un rôle clé dans le développement et la programmation des premiers ordinateurs. Membre de l’équipe du Mark I, un des tout premiers ordinateurs électromécaniques, elle a rédigé un manuel d’utilisation de 561 pages pour cet appareil. Elle a apporté des contributions importantes à l’effort de guerre, notamment en réalisant des calculs pour la trajectoire des roquettes, en créant des tables de portée pour les nouvelles armes anti-aériennes, et en calibrant des dragueurs de mines.
Son travail dépassa le cadre de la Navy, avec des calculs effectués pour l’armée et une participation aux travaux de John von Neumann sur le développement de la bombe à plutonium larguée sur Nagasaki. Ces efforts ont non seulement mis en lumière son expertise en mathématiques et en programmation, mais aussi son engagement indéfectible envers l’effort de guerre.
La naissance du compilateur
L'innovation nécessaire: de l'idée à la réalisation
L’introduction du compilateur a marqué une étape décisive dans l’évolution de la programmation informatique, avec Grace Hopper jouant un rôle clé dans cette révolution. Au début des années 1950, programmer était une tâche ardue, impliquant la conversion manuelle de code mathématique en code binaire, un format lisible par les ordinateurs. Cette méthode, en plus d’être extrêmement chronophage, était également propice aux erreurs humaines.
Grace Hopper, grâce à son esprit innovant et son expertise en programmation, a identifié le besoin d’un outil capable d’automatiser ce processus. Elle croyait fermement que rendre les ordinateurs plus accessibles et plus efficaces passait par la possibilité pour les programmeurs d’utiliser un langage plus proche du langage humain, au lieu de manipuler directement le code binaire.
Le développement du premier compilateur par Grace Hopper
En 1952, Grace Hopper et son équipe ont créé le premier compilateur, nommé A-0. Ce compilateur, agissant comme un linker/loader, traduisait le code mathématique en code binaire exécutable par les ordinateurs. Le compilateur A-0 a marqué une avancée significative dans l’automatisation de la programmation.
Il permettait aux programmeurs de formuler des spécifications pour des programmes mathématiques, qui étaient ensuite converties en code machine. Cela accélérait le processus de développement tout en diminuant le risque d’erreurs. Les versions améliorées, A-1 et A-2, ont été développées en 1953, renforçant les fonctionnalités du compilateur initial.
Le travail innovant sur le compilateur A-0 a pavé la voie au développement de langages de programmation plus sophistiqués, tels que Flow–Matic et COBOL. Flow–Matic, conçu par Hopper et son équipe, employait des commandes en anglais, rendant la programmation plus accessible aux personnes sans expertise en mathématiques ou en ingénierie. Cette initiative a été déterminante dans la création de COBOL, le premier langage de programmation standardisé pour les applications commerciales, qui a été largement adopté dans les années 1960.
L'influence de Grace Hopper sur le langage COBOL
De FLOW-MATIC à COBOL: tracer la voie
La contribution de Grace Hopper au développement du langage COBOL représente une étape fondamentale dans l’évolution des langages de programmation. Après avoir mis au point le premier compilateur, A-0, en 1952, Hopper a poursuivi ses innovations en proposant l’idée de langages de programmation basés sur des commandes en anglais, plutôt que sur des symboles mathématiques, afin de rendre la programmation plus accessible.
Le FLOW–MATIC, élaboré par Hopper et son équipe en 1956, fut le premier langage de programmation à adopter des commandes en anglais.
Initialement désigné sous le nom de B-0 (Business Language version 0), il était destiné aux applications de traitement de données et a marqué un progrès significatif vers l’élaboration de langages plus intuitifs. Le FLOW–MATIC a jeté les bases du développement de COBOL, intégrant des éléments essentiels tels que l’utilisation de mots anglais pour les instructions de programmation.
L'importance du COBOL dans l'histoire de l'informatique
En 1959, lors de la conférence CODASYL (Conference on Data Systems Languages), Grace Hopper a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de COBOL (Common Business–Oriented Language). Rapidement, COBOL est devenu le langage de programmation standardisé le plus utilisé au monde pour les tâches de traitement de transactions et les applications de gestion d’entreprise.
COBOL a révolutionné l’industrie informatique en offrant un langage de programmation compatible avec différentes machines et adapté à divers secteurs, favorisant ainsi la standardisation et l’interopérabilité.
Les efforts de Hopper dans la promotion et le développement de compilateurs pour COBOL ont été déterminants pour son adoption généralisée. Durant les années 1960, elle a mené des initiatives visant à développer et promouvoir COBOL, facilitant son utilisation extensive dans les applications de grands systèmes informatiques, comme le traitement des transactions.
L’héritage de COBOL perdure, avec des applications continues dans de nombreux secteurs, y compris la finance, les systèmes de gestion des ressources humaines et les systèmes de gestion des chaînes d’approvisionnement. La vision de Hopper pour des langages de programmation plus accessibles et intuitifs a non seulement transformé la programmation informatique, mais a aussi ouvert la voie à de futures générations de programmeurs et développeurs de logiciels.